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le pouvoir de s’assujétir, à l’aide de cette appropriation, le travail d’autrui.

Vous prétendez encore qu’avec l’abolition de la propriété privée toute activité cesserait, qu’une paresse générale s’emparerait du monde. Si cela était, il y a beau jour que la société bourgeoise serait morte de fainéantise, car ceux qui y travaillent ne gagnent pas, et ceux qui y gagnent ne travaillent pas. Toute l’objection se réduit à cette tautologie, qu’il n’y a pas de travail salarié là où il n’y a pas de capital.

Les accusations portées contre le mode communiste de production et d’appropriation des produits matériels, ont été également portées contre la production et l’appropriation intellectuelles. De même que, pour le bourgeois, l’abolition de la propriété de classe est l’abolition de toute propriété, de même l’abolition de la culture intellectuelle de classe est l’abolition de toute culture intellectuelle.

La culture dont il déplore la perte signifie pour l’immense majorité le façonnement à devenir machine.

Mais cessez de nous critiquer tant que vous jugerez l’abolition de la propriété privée d’après vos notions bourgeoises de liberté, de culture, de droit, etc. Vos idées sont elles-mêmes les produits des rapports de la production et de la propriété bourgeoises, comme votre droit n’est que la volonté de votre classe érigée en loi, et comme cette volonté est elle-même créée par les conditions matérielles de la vie de votre classe.

La conception intéressée qui vous fait voir dans vos rapports de production et de propriété non des rapports transitoires dans le progrès de la production, mais des lois éternelles de la nature et de la raison,