Page:Terrail - La France socialiste.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
314
LA FRANCE SOCIALISTE

classe régnante s’en détache, se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui représente l’avenir. Autrefois une partie de la noblesse se rangea du côté de la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie fait cause commune avec le prolétariat, principalement cette partie de la bourgeoisie pensante qui est parvenue à comprendre les lois et la marche du mouvement historique.

De toutes les classes actuellement adversaires de la bourgeoisie, le prolétariat seul est la classe vraiment révolutionnaire. Les autres classes se désagrègent et disparaissent par le fait de la grande industrie ; le prolétariat, au contraire, est son produit particulier. La classe moyenne, les petits fabricants, les détaillants, les artisans, les paysans, luttent contre la bourgeoisie parce qu’elle compromet leur existence en tant que classe moyenne. Par conséquent, ils ne sont pas révolutionnaires, mais conservateurs. Qui plus est, ils sont réactionnaires, ils s’efforcent de faire rebrousser chemin à l’histoire. S’ils agissent révolutionnairement, c’est par la crainte toujours présente de tomber dans le prolétariat ; ils défendent alors leurs intérêts futurs, et non leurs intérêts actuels ; ils renoncent à leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

La voyoucratie des grandes villes, cette lie putréfiée des dernières couches de la société, est ça et là entraînée dans le mouvement par une révolution prolétarienne ; mais ses conditions de vie la prédisposent au contraire à se vendre à la réaction. Les conditions d’existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d’existence du prolétariat. Le prolétaire est sans propriété ; ses relations