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L’industrie moderne a transformé le petit atelier de l’ancien patron patriarcal en la grande fabrique du bourgeois capitaliste. Des masses d’ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisées militairement. Traités comme des soldats industriels, ils sont placés sous la surveillance d’une hiérarchie complète d’officiers et de sous-officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, du gouvernement bourgeois, mais encore, journellement et à toute heure, les esclaves de la machine, du contre-maître et surtout du maître de fabrique. Ce despotisme est d’autant plus mesquin, plus odieux et plus exaspérant qu’il prend ouvertement le profit pour but unique.

Moins le travail exige d’habileté et de force, c’est-à-dire plus l’industrie moderne progresse, plus le travail des femmes est substitué à celui des hommes. Les distinctions d’âge et de sexe n’ont plus de signification sociale pour la classe ouvrière. Il n’y a plus que des instruments de travail dont le prix varie d’après l’âge et le sexe.

Quand l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’il a reçu son salaire en argent comptant, il devient alors la proie d’autres membres de la bourgeoisie, du petit propriétaire, du petit boutiquier, du prêteur sur gages.

La petite bourgeoisie, composée de petits industriels, de marchands, de petits rentiers, d’artisans et de paysans propriétaires, tombe dans le Prolétariat ; d’une part, parce que leurs petits capitaux ne leur permettant pas d’employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes ; d’autre part, parce que leur habileté spéciale est dépréciée par les nou-