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la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est sa grosse artillerie pour battre en brèche les murailles de Chine et faire capituler les barbares les plus hostiles aux étrangers. Elle force toutes les nations, sous peine de mort, à adopter le mode de production bourgeois ; elle les force à introduire chez elles la soi-disant civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle modèle un monde à son image.

La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville. Elle a bâti d’énormes cités ; elle a prodigieusement augmenté la population des villes aux dépens de celle des campagnes ; et, par là, elle a préservé une grande partie de la population de l’idiotisme de la vie des champs. De même qu’elle a subordonné la campagne à la ville, les nations barbares et demi-civilisées, aux nations civilisées, de même elle a subordonné les pays agricoles aux pays industriels, l’Orient à l’Occident.

La bourgeoisie supprime de plus en plus l’éparpillement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle agglomère les populations, centralise les moyens de production et concentre la propriété dans les mains de quelques individus, la conséquence fatale de ces changements était la centralisation politique. Des provinces reliées entre elles seulement par des liens fédéraux, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, furent réunies en une seule nation, sous un seul gouvernement, une seule loi, un seul tarif douanier, un seul intérêt national de classe.

La bourgeoisie, depuis son avènement à peine séculaire, a créé des forces productives plus variées et plus