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se constituer, un épisode nécessaire lié à l’enfoncement dissymétrique d’un géosynclinal, un immense et périodique traînage à la surface de la planète, traînage sous lequel les plis se couchent, se superposent, s’écrasent et se laminent. Voici déjà dix-huit ans que les tectoniciens travaillent sur cette idée d’un homme de génie ; ils travailleront probablement pendant longtemps encore sans en épuiser la fécondité.

Cette partie de l’œuvre de Marcel Bertrand, je veux dire la préparation et presque la création de la doctrine des grandes nappes, est la plus connue et la plus importante. Mais il ne faudrait pas croire qu’il n’y ait, dans le surplus, que des travaux et des découvertes d’intérêt secondaire.

Lui-même a attaché beaucoup de valeur, pendant quelques années, à une prétendue loi de permanence des plissements. Reprenant l’ancienne idée de Godwin-Austen, ressuscitée une première fois en 1871 par M. Jourdy, il avait essayé de démontrer que les plis se reproduisent toujours aux mêmes places, et cet essai l’avait conduit à une conclusion inattendue : aux ondulations principales s’ajoutait un second système, en général moins marqué, formé de lignes perpendiculaires. La loi devenait donc la suivante : le réseau de déformation reste fixe et se compose d’un double système de lignes orthogonales, qui, tout au moins pour la France, sont à peu près dirigées comme les méridiens et les parallèles. Marcel Bertrand voyait dans cette loi une solution satisfaisante du problème de la déformation d’une sphère lentement refroidie, et il espérait en tirer un moyen de rattacher la Géologie aux phénomènes plus précis de la Physique du globe et de l’Astronomie. Mais la loi n’est qu’approchée, si même elle existe. Les vérifications signalées par Marcel Bertrand sur le pourtour du bassin de Paris n’ont pas la précision qu’il croyait y voir. Il est bien vrai que les plis se forment