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contreforts des Vosges, l’avait séduit tout de suite. Il s’était attardé dans ses tournées, gagné chaque jour davantage par le charme de la campagne et de la montagne. Obligé de collaborer à la préparation d’une carte géologique du département de la Haute-Saône, il avait fait la connaissance de plusieurs géologues jurassiens. Il aimait à raconter plus tard que, dans ces premières courses géologiques où ses guides et ses initiateurs étaient de simples érudits, aujourd’hui presque oubliés, mais qui lui paraissaient alors des colonnes de la Science, il restait violemment intimidé devant eux et n’osait élever aucune objection, quelque envie qu’il eût de les contredire et de les mettre dans l’embarras : réserve qui semble vraiment prodigieuse à quiconque a connu l’esprit critique de Marcel Bertrand et l’incomparable promptitude avec laquelle il voyait la faiblesse d’un système et le défaut d’un raisonnement.

D’aussi modestes essais d’observation sur le terrain n’auraient probablement pas suffi pour déterminer sa carrière, si son père, Joseph Bertrand, l’illustre mathématicien, qui, depuis le départ de Marcel pour la province, cherchait un moyen de le faire revenir à Paris, n’eût enfin, après cinq années de tentatives diverses où s’usaient vainement sa perspicacité légendaire et sa haute influence de Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, trouvé la solution de ce problème dans l’entrée du jeune ingénieur au Service central de la Carte géologique détaillée de la France. Ce service du Ministère des Travaux publics avait été créé en 1868 à la demande d’Élie de Beaumont, et Jacquot en était devenu, vers 1875, après Élie de Beaumont, le directeur. Jacquot entendait choisir lui-même ses collaborateurs, et n’aimait pas qu’on les lui imposât ; il se méfiait beaucoup de la prétendue conversion à la Géologie d’un jeune camarade qui, dans ses années d’école, n’avait manifesté aucune ten-