celle d’un autre. »
Brigitte baissa les yeux avec confusion.
« Elle mourut au fond d’un cloître, l’année même de ta naissance, continua le Juif, et ton père peu après, pendant un voyage ; et voilà pourquoi tu as été abandonnée.
— Je n’ai pas été abandonnée ; la mère qui m’adopta me chérissait. Vous en prendrez soin, de ma mère… ? vous ne délaisserez pas sa vieillesse, puisque je dois mourir. »
Le jeune homme fit un signe affirmatif. Elle s’était attendue à une autre réponse, peut-être elle ; pâlit.
« Mourir ! s’écria-t-elle, si tôt, dans les tourmens ! Élie ! »
Et elle se rapprochait de lui, comme s’il eût pu la défendre. Le Juif sentait des mouvemens de douleur et de rage qu’il avait peine à maîtriser ; il se contint, cependant, et lui dit d’un ton grave :
« Cette fiole contient un élixir qui pourra t’épargner les tourmens qu’on te prépare. Il tremblait… Elle porta la fiole à ses lèvres. Pas encore ! dit le Juif, en l’ar-