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ET LA SORCIÈRE

envoyé.

« N’as-tu pas souhaité, reprit Élie avec tendresse, de reposer ta tête sur mon cœur, de m’entendre te dire : Je t’aime ?

— Je l’ai dit ! je l’ai souhaité ! s’écria la malheureuse fille ; mon Dieu ! pitié pour mon âme ! »

Cet instant, cet unique instant de bonheur, réservé à sa triste vie, le remords l’empoisonnait ; mais il le fallait pour son bonheur éternel.

« Repose ta tête sur mon cœur ! continua Élie, je t’aime ! »

Un odieux souvenir vint encore la troubler le pacte infernal s’exécutait-il ?

« Quel jour, en quel temps as-tu commencé à m’aimer ? demanda-t-elle avec effroi.

— Qui sait ? dit le Juif, le jour, peut-être, où j’appris que tu étais ma sœur.

— Ta sœur !

— Ton père était de ma religion. Mon père était Juif !

— T’en affliges-tu ?

— Et ma mère ?

— Une chrétienne de haut rang.

— Une pauvre pécheresse comme moi ! elle fut donc l’épouse du Juif ?

— Non, elle était