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LE JUIF

d’or. Il risquait beaucoup en se présentant devant cet homme, qui pouvait le reconnaître et le livrer ; il ne balança pas, toutefois, et en effet, il obtint de pénétrer jusqu’à la prisonnière, de l’entretenir quelques instans ; et c’était lui qui s’offrit à ses regards lorsque la porte du cachot s’ouvrit.

« Élie… ! » cria-t-elle. Le Juif la regardait, et ses yeux, habituellement si sévères, étaient pleins de larmes.

« Malheureuse enfant… ! dit-il, que de tourmens pour ta faiblesse… !

— Oui, reprit Brigitte, j’ai bien souffert… ! »

La pitié du jeune homme lui était si douce !

« Que ne puis-je t’arracher d’ici ! prendre ta place ! oh ! je le voudrais ! »

Il tenait ses mains dans les siennes, et les pressait contres ses lèvres. Le bonheur de la pauvre fille était si grand, qu’elle doutait qu’il fût réel.

« Élie ! répéta-t-elle, est-ce vous ?…

— Moi ! moi ! » dit le Juif.

Elle avait offert sa vie pour cet instant, il lui était