Élie aurait sacrifié sa vie pour y parvenir ; mais en se livrant, il n’eût pas arraché la patiente à ses boureaux ; on les eût fait périr tous deux.
Le terme fixé aux Juifs pour quitter Salins n’étant pas expiré, il en restait encore un grand nombre ; et cela donnait à Élie de la facilité pour s’y cacher, mais ne lui fournissait pas les moyens de délivrer la prisonnière. Il le tenta avec courage : il hasarda sa propre sûreté, il prodigua l’or ; et tandis que le temps se passait en démarches infructueuses, le destin de la pauvre fille s’accomplissait. Elle était condamnée à mourir ; le feu devait la consumer vivante. Fatiguée de souffrances, épouvantée des tortures qu’elle avait un instant essayé d’endurer, elle avait fait tous les aveux qu’on exigeait. Que lui importait de vivre ? qu’avait elle à attendre ? l’affaissement du désespoir l’emportait sur l’instinct qui fait aimer la vie, et elle ne repoussait pas le coup fatal ; elle s’en