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LE JUIF

nus seulement de Satan et de ses suppôts. On la signalait aux gens en pouvoir comme une créature malfaisante, qu’il était dangereux de laisser librement exercer son horrible pouvoir. Il fut ordonné de la renfermer dans les prisons du bourg. Les passans se la montraient en ricanant, tandis qu’elle se rendait à l’infàme demeure ; on la suivait, on insultait à sa misère ; on l’agravait, ainsi que son danger, par des propos inconsidérés et méchans. Oh ! la foule est si barbare !

Elle s’assit en entrant dans le cachot, et chercha à rappeler ses souvenirs, comme on cherche à retrouver un rêve. C’était plus de souffrances qu’elle n’en pouvait supporter, et elle ne les ressentait plus : la nature épuisée se reposait. Elle avait besoin, en effet, l’infortunée ! de retrouver des forces.

Le jour même elle parut en criminelle devant des juges. On la menaça des tortures, de