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ET LA SORCIÈRE

enfant ? » Elle pleura dans le sein de sa vielle amie, mais sans être consolée ; le mal qui dévorait sa jeunesse et sa vie ne pouvait être adouci : c’était un terrible mal !

La seule pensée qu’elle pourrait rencontrer Élie, faisait bondir son cœur d’une sorte de joie douloureuse, qu’elle avait peine à supporter ; et si elle l’appercevait, son premier mouvement était de hâter le pas pour le fuir ; mais un tremblement subit la forçait de s’arrêter. Et le Juif passait sans la regarder ; et lorsqu’il avait disparu à sa vue, elle cachait son visage de ses mains et pleurait, désespérée.

« Que n’ai-je été exposée sur le plus haut de ces rochers, à l’heure où l’aigle y vient chercher de la pâture pour ses petits, ou le vautour ne trouve plus de proie dans la plaine ! ou bien, lorsque l’ardent soleil lance des feux capables de tuer un faible enfant tel que j’étais ! »

C’est ainsi que le Démon lui apprenait à maudire