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LE JUIF ET LA SORCIÈRE.

jeune homme lui jeta un regard sévère.

« Il faut que l’esprit malin s’en soit mêlé, continua Magui. Une fille si sage ! si modeste ! et maintenant elle n’a pas honte de dire, en parlant de vous : Pour reposer ma tête sur son cœur, pour l’entendre me dire : Je t’aime ! je donnerais ma vie, ma jeunesse, tout ! Ce sont ces propres paroles.

— Tes discours sont dignes de mépris ! » dit le Juif ; et il s’éloigna, emportant d’injurieuses préventions contre les deux femmes. Les filles madianites avaient ainsi, autrefois, essayé leurs séductions sur les enfans d’Israël, qui avaient làchement succombé ! mais il n’imiterait pas la faiblesse que le Seigneur avait punie, et la chrétienne (qu’il se rappelait, toutefois, belle, triste, attachant sur les siens ses yeux pleins de douceur, ou les baissant avec modestie), la chrétienne ne serait que l’objet de son dédain.