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LE JUIF

soudre ; et les prières qu’elle faisait en secret, quoique ferventes, étaient peu efficaces, à ce qu’il paraissait, car l’abattement et la tristesse de Brigitte ne faisaient qu’augmenter. Elle ignorait, toutefois, la pire des douleurs que peut causer son mal, la jalousie. Le fils de Nathan montrait la même indifférence pour toutes les jeunes filles ; bien que parmi celles de sa nation il y en eût de belles, et que les autres, tout en le méprisant comme Juif, fussent frappées de sa bonne mine et intéressées par ce qu’on racontait de ses actions. Toutes prenaient plaisir à s’entretenir de lui, à le regarder lorsqu’il passait ; et elles venaient en grand nombre, le soir, se promener aux environs de sa maison, pour l’entendre accompagner d’un luth sa voix grave et harmonieuse. Mais il ne semblait pas remarquer l’attention qu’il excitait, ou, s’il la remarquait, il en paraissait peu touché. Rien n’avait donc jusqu’alors aigri