Page:Tercy - Le Juif et la sorcière, 1833.pdf/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
ET LA SORCIÈRE

sur la terre, et leur gloire, maintenant, était immortelle ; mais ils fuyaient les hommes qui les repoussaient, et se retiraient dans les déserts et les antres sauvages. Une vierge (elle l’avait appris dans ses lectures) avait vécu plus de trente années au milieu d’une vallée déserte, sans autre abri qu’un arbre, dont le Seigneur épaississait le feuillage aux jours nébuleux de l’hiver. Elle voulait être sainte, se retirer comme eux dans la solitude ; et déjà elle avait découvert, aux environs de la ville, une caverne d’un accès difficile, qu’elle se plaisait à décorer comme une cellule, et où elle passait de longues heures.

« Y penses-tu ? disait Magui ; te cacher dans le creux des rochers ! ce serait, ma foi, bien dommage ! et j’ai pour toi d’autres projets, Dieu aidant… !

— Eh ! que ferais-je au milieu du monde ? reprenait la pauvre fille ; ne voyez-vous pas que je suis repoussée de tous, haïe, méprisée ! excepté le vôtre,