ou un abbé. Eh ! que lisait-elle donc sans cesse ? Il faut le dire, parce que c’est la vérité : de sages et pieuses légendes, des histoires édifiantes, la vie des saints, dont elle se proposait d’imiter les exemples. Elle avait deviné que sa naissance était un malheur, et pressenti que peu de joies l’attendaient sur la terre. Elle voyait bien, pendant son enfance, les autres enfans s’éloigner et la laisser seule, lorsqu’elle voulait se mêler à leurs jeux ; et, plus tard, elle voyait bien les jeunes filles se la montrer en ricanant, et recevoir avec dédain ses avances d’amitié ! Pour échapper à ces affronts, elle vivait solitaire, et sa pensée sérieuse s’exerçait sur de graves sujets. Qu’était-ce que ce beau ciel, ces étoiles si brillantes ? était-ce là qu’habitaient les saints ? les nuages qu’elle suivait de ses regards voilaient-ils l’éclatante demeure des bienheureux ? Beaucoup d’entre eux avaient été haïs et méprisés
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LE JUIF
