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LE JUIF

à ses libéralités ; et lorsque les gens prudens et sages, comme il y en a tant, lui reprochaient son peu de prévoyance pour l’avenir, elle répondait encore que l’on n’emportait rien de ce monde, et que l’essentiel était d’y vivre gaîment, en aidant son prochain autant qu’on le pouvait.

Avec cette humeur et une figure avenante, une taille bien prise, on pense que la Magui avait pu donner matière à la médisance, dans son temps. On avait en effet un peu glosé sur son compte, autrefois ; mais depuis que sa fraîcheur se fanait, que sa démarche devenait moins leste, on devenait plus indulgent à son égard : peut-être aussi sa conduite était-elle plus prudente. Ce qui est certain, c’est qu’on avait à peu près oublié ses aventures, lorsqu’un événement assez étrange en réveilla le souvenir, et donna lieu à de nouveaux propos sur son compte. Un enfant nouveau-né,