les gènerait. En sorte que la propriétaire de cette chétive habitation n’était jamais certaine, en quittant son lit le matin, de le retrouver le soir sous le toit qui l’abritait. Mais elle ne s’en inquiétait guère, la Magui (c’est le nom que l’on donnait à cette femme, en abréviation de celui de Marguerite qui était le sien) ; l’avenir ne l’occupait pas du tout, et l’avenir, pour elle, c’était le lendemain. Insouciante, rieuse, contente de son sort, elle ne faisait cependant envie à personne. Qui jamais envia la pauvreté et l’obscurité ! Le prieur de la riche abbaye disait bien quelquefois, lorsque les choses n’allaient pas à sa fantaisie, qu’il voudrait être à la place de sa voisine, mais il n’aurait certainement pas changé ; et quant aux femmes du bourg, elles souriaient d’un air de pitié dédaigneuse lorsque, en passant devant la porte de Magui, pour aller à l’église, les gais refrains de ses chansons leur arrivaient ; puis les hommes
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LE JUIF
