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Il est vrai qu’à ce moment tout le monde croyait à des victoires ; le peuple marseillais, oubliant l’Empire, fêtait le triomphe de la France.

Dans les cafés-concerts, on chantait la Marseillaise. L’escarmouche de Sarrebruck avait d’abord paru une grande bataille. Puis, Wissembourg, journée héroïque, était un combat dont le résultat avait été travesti par la presse. Le 9 août, les dépêches les plus absurdes circulaient en ville : Mac-Mahon, disait-on, avait écrasé l’armée du prince royal de Prusse, qui restait notre prisonnier avec 25,000 Allemands, et nous étions maîtres de Landau.

Les manifestants en faveur de la paix étaient donc des trouble-fête.

Mais l’ivresse joyeuse de la multitude ne pouvait durer. Quand on sut à quoi s’en tenir sur les opérations militaires des bords du Rhin, quand on connut, dans toute leur terrible vérité, Reischoffen et Forbach, il y eut un réveil effroyable. Alors, l’exaltation publique changea de note. On ne criait plus : « À Berlin », mais : « Sauvons la France ! »

La nouvelle de nos désastres m’avait particulièrement surexcité. Dans ces circons-