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à rendre compte à personne de l’emploi de mon temps.

Tous les républicains se démenaient pour faire voter « non ». On se livrait à une propagande de tous les diables.

Parmi les distributions de bulletins, il y en avait une qui n’était pas commode et pour laquelle les comités avaient besoin de gaillards à la fois adroits et résolus : la distribution à l’armée.

Je m’offris au comité révolutionnaire, dont le président était Gaston Crémieux, un jeune avocat qui publiait des poésies très violentes dans le journal de MM. Leballeur-Villiers et Royannez.

Crémieux pensa qu’on ne se méfierait pas d’un adolescent de seize ans, et il me chargea d’une partie de la distribution aux casernes. Je me rendais donc partout où logeaient les troupes, j’abordais les soldats et je leur glissais des proclamations anti-plébiscitaires et des bulletins « non ». Usant d’adresse, je réussis même à m’introduire un jour dans un hôpital militaire, tant j’avais à cœur de justifier la confiance de Gaston Crémieux.

Les votes contre l’Empire furent nombreux à Marseille. J’étais orgueilleux de ce résultat,