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à désirer ; mais j’eusse préféré dîner de pain noir et vaquer avec les colons aux travaux des champs. Tous les mardis, un surveillant me conduisait dans une cabane, et là, pendant deux heures, il m’occupait à fendre du bois ; c’est tout l’exercice auquel il m’était permis de me livrer. Je ne pouvais donc admettre que, n’étant pas un voleur, n’ayant comparu devant aucun tribunal, je fusse traité plus durement que les voleurs.

Aussi, mes soixante-cinq jours de cellule à Mettray sont-ils gravés dans ma mémoire comme une longue période de souffrance atroce.

Tous ceux qui m’approchaient me semblaient des bourreaux ; je les voyais tous avec horreur : une seule personne m’était sympathique ; c’était le professeur, M. Messire, qui me donna, pendant mon séjour, quelques leçons d’histoire, de narration française et de comptabilité ; homme de bonnes manières, il était animé de sentiments très justes.

En arrivant à Marseille, je trouvai, à la gare, mon père qui m’attendait. Il m’embrassa en pleurant. Je ne repoussai pas ses caresses ; mais je ne pus lui dire autre chose que ceci :