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M. Royannez, chez qui elle courut, ne lui déguisa rien. Il lui fit part des communications qu’il avait reçues, se défendit d’avoir encouragé notre escapade, — il disait vrai, — et lui apprit que nous étions partis dans la direction de Digne.

La famille s’était alors adressée à l’autorité ; le télégraphe avait joué, et notre itinéraire avait été découvert.

Rentrés à la maison, nous eûmes à subir les remontrances de tous nos parents, remontrances évidemment très méritées.

Les explications, que je donnai, pour ma part, avaient beau être sincères ; elles n’étaient pas de nature à justifier notre équipée.

— En ce qui me concerne, disais-je à mon père, je ne pouvais me résoudre à vous avouer qu’en continuant à pratiquer la religion je vous trompais, et je ne pouvais pas non plus m’imposer longtemps encore un culte que maintenant je déteste ; cette hypocrisie, à laquelle ma fausse situation me contraignait, était pour moi une vraie torture ; j’ai voulu en finir.

Nos parents délibérèrent sur la conduite à tenir à notre égard.

Tout bien examiné, on se dit que, dans