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raître chez nous, le jour de notre fuite, on nous avait cru d’abord victimes de quelque accident. Notre mère était allée chez un de nos amis, ancien camarade de collège, pour l’interroger, pour savoir de quel côté nous nous étions rendus en partie de plaisir.

Notre ami, un des rares confidents de notre escapade, avait déclaré n’être au courant que d’une promenade projetée en mer.

Je ne sais pas comment il s’exprima ; mais sa déclaration parut suspecte à notre mère, et l’excellente femme comprit alors qu’aucun malheur n’était arrivé, qu’on lui cachait quelque chose.

Elle retourna à la maison, ouvrit nos placards, et, les trouvant vides, fut certaine de notre fuite.

Quelques journaux oubliés frappèrent son attention ; c’étaient les feuilles de M. Royannez. Nous avions dû laisser échapper parfois des appréciations sympathiques au sujet du journaliste radical de Marseille. Notre mère se les rappela, et, avec cette clairvoyance que donne seule l’affection, elle se dit :

— C’est chez ce M. Royannez que je saurai la vérité.

Elle ne se trompait point.