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Nous mangeâmes, sans appétit, dans un restaurant de catégorie infime. Puis, après le repas, nous revînmes encore nous étourdir dans le nauséabond et charivarique casino.

Il s’agissait d’atteindre minuit, heure du départ de la diligence qui se rend à Digne.

Ah ! quelle mauvaise nuit je passai dans le lourd véhicule ! Les cahots et le sentiment insurmontable de ma vilaine action m’empêchèrent de dormir.

Mon plan de voyage était celui-ci :

Gagner la frontière par le nord du département des Basses-Alpes, et pénétrer en Italie, à travers montagnes, par le col de l’Argentière.

À Digne, deux routes s’offraient, pour atteindre la frontière. La plus courte, par la Javie et Barcelonnette, avait, pour nous, le désavantage de nous faire traverser des communes relativement populeuses, où nous pouvions être signalés ; nous en avions, du moins, la crainte. La plus longue, par Barrême, nous obligeait à redescendre d’abord vers le Var ; mais, une fois Barrême traversé, nous ne cheminions plus que par de minuscules bourgades, franchissant sans cesse monts et vaux, longeant les Alpes-Maritimes et parve-