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nous pourrions aller au bout du monde, s’il l’avait fallu.

Nous partîmes le 18 octobre, au matin. C’était un dimanche. Un orage était dans l’air.

Je dis à mon père que nous allions entendre la messe, mon frère, et moi, au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde, et qu’après ce petit pèlerinage, si le temps se mettait au beau, nous ferions une partie de mer.

Pour que notre escapade ne pût être soupçonnée, j’eus l’effronterie de prier ma mère d’avoir, au repas de midi, tel plat que j’aimais beaucoup, ajoutant que nous serions de retour à onze heures et demie, sans faute.

L’orage se déclara ; il y eut une tempête épouvantable. Nous en fûmes ravis, mon frère et moi.

— Nos parents penseront, nous disions-nous, que nous avons été promener en mer, quand même, et ils nous croiront victimes de notre imprudence.

Mais voici une particularité qui donnera au lecteur une idée exacte de mon caractère.

N’ayant jamais avoué à l’abbé Jouet la transformation que j’avais subie, j’étais demeuré, malgré moi, zélateur de la Petite