Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cancans auxquels ma conversion avait donné lieu. On était sûr, disait-on, que je me confessais régulièrement ; la femme d’un ligueur avait affirmé, à la librairie de la rue des Écoles, que l’on m’avait vu communier le dimanche précédent ; pour quelques-uns, même, je n’avais jamais cessé de pratiquer, et la libre-pensée avait été trompée par moi pendant dix-sept ans. Bref, j’avais servi d’instrument aux jésuites ; c’était un coup monté depuis longtemps ; mon anti-cléricalisme n’avait pas eu d’autre but que ma conversion.

On pense si je laissai dire !

Enfin, le président mit aux voix l’ordre du jour suivant, qui fut voté à l’unanimité :


Considérant que le nommé Gabriel Jogand-Pagès, dit Léo Taxil, l’un des fondateurs de la Ligue Anti-Cléricale, a renié tous les principes qu’il avait défendus, a trahi la libre-pensée et tous ses co-antireligionnaires ;

Les ligueurs présents à la réunion du 27 juillet 1885, sans s’arrêter aux mobiles qui ont dicté au nommé Léo Taxil son infâme conduite, l’expulsent de la Ligue Anti-Cléricale comme traître et renégat.


— Je renie la libre-pensée, dis-je ; mais je n’ai jamais trahi et ne trahirai jamais personne !

Et je m’en allai, tranquillement comme