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mon passé : ma première bonne communion et ma première communion sacrilège ; Mongré, Saint-Louis et Mettray ; mon père, ma mère, ma sainte marraine ; les jours heureux de mon enfance et les amertumes de ma vie anti-cléricale ; les amitiés sincères de ceux dont je m’étais séparé et les implacables haines des sectaires auxquels je m’étais lié ; la bonté des uns et la méchanceté des autres ; mes mensonges, mes injustices, mes folies.

Et j’éclatai en sanglots.

— Pardon, mon Dieu ! murmurais-je à travers mes larmes ; pardon pour mes blasphèmes ! pardon pour tout le mal dont je me suis rendu coupable !

Je me renfermai avec soin dans mon bureau, pour ne pas être dérangé ; je me jetai à genoux, et, pour la première fois depuis dix-sept ans, je priai.

Le soir venu, je ne dis rien à ma femme du changement qui s’était opéré en moi. Je ne pus dîner et ne donnai aucune raison de mon manque d’appétit.

Je ne pus dormir, non plus. Ma femme ne s’en étonna nullement ; car il m’arrivait assez souvent d’avoir l’esprit préoccupé par un projet de