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poursuivaient au milieu de mes loisirs. Je les revoyais, comme s’ils eussent été écrits dans l’air en lettres de feu.

Et je ne pouvais mettre en doute l’authenticité des documents, puisque la grosse du procès, rédigée par Cauchon et son complice Thomas de Courcelles, ne comportait pas des appréciations favorables à Jeanne.

D’un bout à l’autre, le dossier s’exprime ainsi : « Jeanne prétend ceci et cela ; donc, elle est coupable d’imposture ».

Le tout était de savoir si réellement Jeanne mentait dans ses affirmations.

— Mentir ? me disais-je ; elle, la loyauté incarnée ! elle, la bravoure personnifiée ! elle, qui serait morte de honte, si elle eût été contrainte à une minute de dissimulation !

Mais, alors, si elle ne mentait pas ?…

Étant donnée la teneur du dossier, je me trouvais, moi, incrédule, réduit à revenir à cette conclusion :

— Non, Jeanne est sincère ; l’admirable héroïne française est incapable d’un mensonge. Donc, elle est hallucinée.

Mais, aussitôt, la direction imprimée par son génie à la guerre contre l’Anglais, ses étonnants plans de bataille, sa magnifique