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prison et deux mille francs d’amende. En appel, j’avais trouvé, au contraire, des juges impartiaux, désireux de s’éclairer ; ils m’écoutèrent ; le président, d’abord très mal disposé pour moi, me laissa donner toutes les explications que je voulus ; il prit la peine de lire l’ouvrage dont les dessins incriminés étaient l’accompagnement. Bref il reconnut que le livre, par lui-même, n’avait rien de délictueux, et la Cour, réduisant la mesure de ma responsabilité dans la publication des gravures, m’enleva la peine de la prison, diminua l’amende de moitié et supprima les considérants du jugement de première instance, qui furent reconnus « manifestement exagérés ». La Cour se composait de magistrats conservateurs. Cette différence de conduite à mon égard m’avait beaucoup frappé. J’avais toujours été traité au vinaigre ; je fus tout surpris de me voir appliquer, pour la première fois, le régime du miel.

D’autre part, ma situation de secrétaire général de la Ligue Anti-Cléricale me permettait d’assister à de nombreuses défections. Je le voyais, bon nombre de nos libres-penseurs allaient à l’église dans les grandes circonstances de la vie ; leur anti-cléricalisme