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Pourtant, je luttai encore contre le dégoût dont j’étais abreuvé. Le jeudi 23 avril, j’écrivis, pour mon journal, un article en réponse aux diverses calomnies des confrères républicains. J’y disais que la poursuite, dont j’étais menacé et qui avait été rendue possible par les diffamations incessantes de la bohème littéraire, ne me lasserait pas.

Je concluais en ces termes :


« Allons, qu’on la commette, cette monstruosité ! Je n’ai jamais reculé d’un pas dans la lutte que j’ai entreprise. Je le jure bien, la condamnation, tant désirée par mes ennemis, redoublera mes forces. »


Cette journée du 23 avril ayant décidé de mon avenir, il importe, pour que le lecteur comprenne toutes mes émotions, que je fasse ici un court retour en arrière.

J’étais fatigué depuis longtemps de la haine que je sentais peser sur moi dans mon propre parti. Quelques mois auparavant, j’avais eu à comparaître devant le Tribunal correctionnel au sujet de dessins dont je n’étais pas l’auteur, mais dont le parquet me rendait responsable, attendu qu’ils étaient intercalés dans un de mes livres. Le Tribunal, présidé par un conseiller général radical de la Seine, m’avait condamné, sans vouloir m’entendre, à quinze jours de