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lecture, et je les brûlais ensuite, pour que personne ne pût se douter de ce qui se passait.

Dans cette lutte morale, j’avais, parfois, envie de recourir à l’abbé Jouet, qui se montrait toujours bon pour moi. Il était devenu premier surveillant de la division des grands. Je voulais, par moment, aller le trouver et lui dire tout ; mais je m’arrêtais.

Je n’avais pas, pour cela, cessé d’être zélateur de la Petite Œuvre. Quand ma conscience me criait que j’allais à ma perte, je tentais un effort pour réagir ; puis, je revenais au doute qui m’envahissait. Il m’est arrivé, en ces crises-là, de prier Notre-Dame du Sacré-Cœur ; je lui demandais de me défendre. Ce furent mes dernières prières.

Le temps pascal arriva.

Mon confesseur, l’abbé C***, — aujourd’hui aumônier d’un hôpital militaire, — vit bien que mon âme était mortellement malade. Je me confessais pour la forme. Je ne tenais aucun compte de ses avis. Comprenant que je lui cachais la vérité et que je ne venais au confessionnal que contraint et forcé par les exigences du règlement, il tenta une suprême épreuve, à la veille du jour où tout le collège devait faire ses pâques.