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pas troubler cette fête à la mémoire du général, il endura le suprême affront d’avoir l’infâme Bordone pour commensal, en deux banquets offerts aux délégués italiens.

Un seul, le major Gattorno, représentant des sociétés démocratiques de Gênes, ne put contenir son indignation ; et, après la séance où le conseil municipal de Paris reçut l’épée de La Tour d’Auvergne, il traita, au buffet dressé dans le pavillon de Flore, Bordone comme il le méritait. Mais les personnes qui assistèrent à l’altercation n’y comprirent rien, Bordone ayant été appelé « voleur » en italien (ladro).

Peu s’en fallut pourtant que Bordone fut traité par moi comme par Gattorno. C’était à un dîner que M. Mayer, directeur de la Lanterne, offrit chez lui à Canzio et à ses amis italiens, au comte Pianciani, député de Rome, à M. Bosdari, député d’Ancône, et aux organisateurs de la fête. J’étais du nombre.

À table, le maître de la maison plaça Bordone entre M. Delattre, député de la Seine, et moi.

On comprend si j’étais navré de ce voisinage. Bordone payait d’audace. Il avait été un de ces meneurs dont les efforts tendirent constamment à détruire l’œuvre du