Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coup en évidence ; comme il avait été, à dessein, tiré sur vieux papier, chacun croyait avoir fait une trouvaille.

Et Voltaire, à la fin de ce document apocryphe, écrivait avec son effronterie habituelle :

« Voilà le précis exact du Testament de Jean Meslier. Qu’on juge de quel poids est le témoignage d’un prêtre mourant qui demande pardon à Dieu. »

Pour mieux duper le public, Voltaire n’avait pas représenté son curé imaginaire comme un athée ; c’était un déiste de son espèce, reconnaissant un être suprême quelconque, mais tenant le catholicisme pour une fausse religion.

L’imposture réussit. Les philosophes encyclopédistes trouvèrent l’invention de Voltaire excellente. L’un d’entre eux, le baron d’Holbach, fut chargé de compléter l’œuvre du maître en l’art de mentir : il remania un de ses propres livres, ouvrage matérialiste intitulé le Système de la Nature, et en fit le Bon Sens du curé Meslier, qui fut adjoint au testament.

Seulement, — entre nous soit dit, — il faut que la bêtise populaire n’ait pas de limites ; car il n’est nul besoin d’une lecture