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radicale, dont j’avais partagé l’erreur, ce n’était pas aux « bons confrères », qui avaient cru jusqu’alors comme moi à un seul et même Auguste Roussel, à me reprocher d’avoir été victime d’une confusion de personne.

Le tribunal me condamna donc à des dommages-intérêts. De fait, il ne pouvait en être autrement. J’eus le malheur d’avoir pour juge un magistrat républicain, M. Cartier, le même qui, se portant candidat au Sénat, déclara que « la propriété, la famille et la religion n’étaient que des balançoires ». M. Cartier, à qui ma figure déplaisait sans doute, ne se contenta pas de me juger et condamner ; il envoya le texte de son jugement à quelques journaux amis. Les « bons confrères » s’empressèrent de le reproduire en l’agrémentant de mille réflexions malveillantes pour moi. Cependant, ils savaient tous quelle avait été mon erreur, cause première de cette mésaventure ; à l’audience, ils avaient entendu la déposition du négociant libre-penseur qui m’avait lui-même apporté les poésies, en m’affirmant que leur auteur était le collaborateur de M. Louis Veuillot, et qui, sous la foi du serment, témoigna l’avoir cru lui-même.