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un transfuge de l’anti-cléricalisme. Cette opinion était générale dans le monde où je vivais. Un négociant républicain, que je n’avais aucun motif de suspecter, m’apporta un recueil de poésies attribuées à M. Auguste Roussel ; il n’y eut qu’une voix pour me conseiller de rééditer l’ouvrage ; c’était, croyait-on, le plus vilain tour à jouer au collaborateur de M. Louis Veuillot.

La librairie de la rue des Écoles fit donc paraître le recueil dans un de ces fascicules trimestriels à bon marché, dont l’ensemble avait pour titre : Bibliothèque Anti-Cléricale J’étais le gérant de cette publication périodique. Le fascicule en question fut mis en vente le 29 juin 1880, c’est-à-dire le jour même de l’expulsion des Pères jésuites.

Quelque temps après, un Auguste Roussel, autre que le rédacteur de l’Univers, intervint et réclama. C’était le véritable auteur des poésies. Homme déjà fort âgé, il mourut peu après, et sa réclamation fut reprise par ses héritiers, sous forme de procès commercial.

J’étais, évidemment, dans mon tort ; la méchanceté que j’avais voulu faire à un écrivain catholique se retournait contre moi. Mais, en somme, ce n’était pas à la presse