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Je demeurai près d’un an à Montpellier.

Deux incidents, pendant mon séjour dans cette ville, me montrèrent, une fois de plus, les beautés de la fraternité républicaine.

Le premier se produisit à propos de l’avocat-général Jouvion.

Ce magistrat était radical. Accusé d’une infamie par ses ennemis, il se suicida ; l’enquête qui suivit sa mort établit qu’il avait été calomnié. Néanmoins, le malheureux fut abandonné par ses meilleurs amis, qui ne songèrent même pas à défendre sa mémoire. Les opportunistes triomphaient d’être débarrassés d’un radical, et les radicaux, du moment que l’infortuné n’existait plus, se souciaient peu de lui. Nous fûmes seulement sept qui eûmes la constance d’accompagner sa dépouille jusqu’au cimetière.

Cette làcheté de mes coreligionnaires politiques m’inspira un profond dégoût.

Le second incident eut lieu à l’occasion d’une polémique avec le maire de Cette.

Le parti républicain, à Cette, comme ailleurs, était divisé en deux camps, les opportunistes et les radicaux, qui, les uns les autres, se détestaient cordialement. Je pris parti contre les opportunistes, cela va sans