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Sous prétexte de plaisanterie, nous frondions les hommes du pouvoir avec une véritable rage.

Le journal, à tout instant saisi et suspendu, disparaissait sans cesse pour reparaître sous un autre titre. La Marotte devenait successivement la Marmotte, le Sans-Culotte, le Bouffon ; mais, après chaque changement d’en-tête, c’était toujours la Marotte qui se montrait encore à l’horizon, et agitait de nouveau ses grelots.

L’imprimeur et le gérant, — n’étant pas majeur, j’avais dû prendre un gérant, — payèrent, une fois, mes folies par une incarcération de plus d’un mois dans les casemates du fort Saint-Nicolas.

Je ne parle pas des procès intentés par les particuliers.

À un moment donné, vu le déluge des assignations, je ne pus plus trouver un imprimeur à Marseille ; et le journal dut recourir aux presses de coreligionnaires politiques à la Ciotat, puis à Toulon.

À la fin de 1872, je fus cité à comparaître devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, pour outrages à la religion. J’avais dix-huit ans.