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mais cela importait peu, nous les jugions quand même.

Je me souviens que je remplissais les fonctions du ministère public. L’avocat d’office, chargé de défendre les accusés absents, Élie Devèze, était un camarade du lycée, membre de l’état-major de la Légion.

On appelait gravement par trois fois les légionnaires « girondins ».

— Tistin Capefigue !… Tistin Capefigue !… Tistin Capefigue !…

Silence.

Je prenais la parole :

— L’accusé Tistin Capefigue ne répondant pas à l’appel de son nom, mais l’évidence de sa trahison étant indiscutable, je demande à la Cour Martiale de le juger quoique absent.

— Accordé, murmurait le président.

Élie Devèze se levait :

— Pour quel motif mon client Tistin Capefigue est-il mis en accusation ?

— C’est à lui, répliquais-je, qu’étaient confiées les clefs des placards dans lesquels nous avions déposé les carabines de la Légion. Tistin Capefigue a livré les clefs à l’ennemi. C’est une trahison en temps de