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mot arrête le carnage. Mais, chose plus admirable encore, à ce signe sacré, on a vu des combattants jeter leurs armes, se donner le baiser d’union, et, d’ennemis qu’ils étaient, redevenir à l’instant amis et frères, ainsi que le leur prescrivaient leurs serments. »

Ce discours, est-il dit dans le procès-verbal officiel de la fête, eut le plus grand succès, et les principes en furent tellement goûtés, que le F∴ Bouilly, en sa qualité de Grand-Maître Adjoint, fit applaudir par une triple batterie et adressa à l’Orateur, au nom du Grand-Orient, les remerciements les plus fraternels.

Ainsi, admirez les principes de la secte : d’abord les intérêts de la Loge ; ceux de la Patrie ne viennent qu’après. Au milieu de la mêlée même, le militaire qui appartient à la Franc-Maçonnerie doit avoir présents à sa mémoire, non pas les serments qu’il a jurés à son pays et à son drapeau, mais les obligations qu’il a prêtées entre les mains de son Vénérable. Les lois de la guerre, d’où dépend le succès de la bataille, d’où peut dépendre le salut de la Patrie, ces lois inexorables partout ailleurs, cessent de l’être, quand deux Maçons se trouvent en face. Vous défendez contre une horde barbare le territoire national envahi, l’occasion se présente à vous de mettre une barrière à l’invasion en faisant remporter, si vous êtes général, une victoire à votre pays ; mais tout à coup le général adverse, voyant la débandade des siens, fait le signe maçonnique ; et, si vous êtes Maçon, vous devez faillir à votre honneur de patriote, vous ne devez pas poursuivre l’ennemi dérouté, vous ne devez pas l’exterminer ; vous devez, au contraire, l’épargnant, lui laisser reformer ses phalanges, lui donner le temps de recevoir du renfort. Que dis-je ? les serments maçonniques obligent les deux généraux ennemis, qui font partie de la secte, à s’embrasser.