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un simple reçu ; les 33es s’expliquent entre eux au sujet de l’emploi des fonds.

Quelquefois il arrive qu’un de ces hauts dignitaires abuse de ce droit exorbitant et se sert, pour ses besoins personnels, du Trésor de l’Ordre. Ce cas s’est présenté, il y a deux ans : un 33e du Rite Écossais détourna, à son profit particulier, 14,000 francs, en se faisant remettre, au nom de ses pouvoirs, la clef de la caisse ; le détournement était trop fort pour passer inaperçu ; le coupable eut une explication avec ses collègues 33es. Croyez-vous qu’à raison de cela il a été expulsé de la Maçonnerie ? Pas le moins du monde ; un 33e ne s’expulse pas. On lui a uniquement retiré ses fonctions administratives, et, dans l’Annuaire du Suprême Conseil, son nom, accompagné de son titre de Souverain Grand Inspecteur Général, figure toujours parmi la liste des sommités qui sont l’honneur et la gloire de l’Ordre. C’est un maçon portant particule ; mais il n’eût pas été particulé qu’il s’en fût tiré à aussi bon compte : son inviolabilité lui vient uniquement de ce qu’il possède le 33e degré.

Il est des cas exceptionnels où le Trésor de l’Ordre reçoit un emploi privé au bénéfice d’un 33e ou d’une autre haute personnalité de la Maçonnerie ; mais alors cet usage extraordinaire des fonds sociaux est le résultat du consentement commun des Souverains Grands Inspecteurs Généraux, et il faut même que la secte ait intérêt à éviter un scandale. C’est ce qui est arrivé, notamment, l’année dernière, à propos d’un Maçon de marque, appartenant au Rite Français, banquier et maire d’une ville du Midi, lequel s’est suicidé.

Néanmoins, disons-le, la mystification du Tronc de la Veuve et des autres collectes analogues ne se perpétuerait pas, la Franc-Maçonnerie n’aurait pas conservé, auprès des personnes qui ignorent le dessous