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mangent leurs prisonniers et les naufragés que les tempêtes jettent sur leurs rivages inhospitaliers. À l’état de sauvagerie ou de l’animalité de l’homme succéda la barbarie, c’est-à-dire une agglomération d’individus soumis à des conventions serviles imposées par un brutal despotisme. De l’état de servitude, ces peuplades, devenues plus nombreuses, passèrent à un état de civilisation qui aura bien des degrés à parcourir avant d’arriver à l’état de perfection auquel l’homme a droit d’aspirer et qu’aucun peuple de la terre ne possède encore, parce que le plus fort continuant son alliance avec le plus rusé, ils exploitent sans cesse en commun les faibles et les ignorants, l’un en maintenant les corps, l’autre en enchaînant les âmes. Tout attentat à l’ordre social est un acte de barbarie. Tout pays où il n’est point permis de penser ni d’écrire ses pensées doit tomber dans la stupidité, la superstition et la barbarie. Dans l’antiquité, les initiés aux mystères s’emparaient de l’homme barbare pour le civiliser ; aujourd’hui, la Maçonnerie prend l’homme civilisé pour le perfectionner.

Le Vénérable. — Qu’est-ce que le vice ?

Réponse du récipiendaire.

Réplique du Vénérable. — Le vice est une disposition, un penchant habituel au mal, aux mauvaises actions, et qui porte à enfreindre les lois naturelles et sociales. C’est une passion qui est nuisible aux autres et à soi. Tous les défauts qui peuvent causer un préjudice sont des vices : la finesse est une qualité dans l’esprit et un vice dans le caractère. Le vice hait la vertu. Celui qui a beaucoup de vices a beaucoup de maîtres. Tout homme a plus ou moins les vices de sa profession. Un vice détestable est de confondre, dans le raisonnement, les choses avec leurs abus : la religion et la superstition, la philosophie et le philosophisme,