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franchement encore aux nouvelles questions qui vont vous être adressées… Et d’abord, si un danger terrible vous menaçait, en qui mettriez-vous votre confiance ?

Réponse du récipiendaire.

Le Vénérable réplique d’après la réponse ; puis il ajoute : — Nous allons commencer l’examen moral. Asseyez-vous, Monsieur.

Derrière le récipiendaire, on a placé un escabeau hérissé de clous (les pointes de ces clous enfoncées dans le bois) et portant sur des pieds boiteux.

(L’interrogatoire qui va suivre est celui du rite français. Je ne donne pas celui du rite écossais, qui, bien que différent en quelques points, ferait double emploi.)

Le Vénérable. — Qu’est-ce que l’ignorance ? et pourquoi les ignorants sont-ils entêtés, irascibles et dangereux ?

Réponse du récipiendaire.

Si la réponse n’est pas satisfaisante, le Vénérable la rectifie en ces termes : — Monsieur, l’ignorance (en latin ignorantia, fait de in, privatif, et gnarus, qui sait), est le manque de connaissance, de savoir. C’est de l’ignorance de soi-même que découlent tous les vices. Il y a trois sortes d’ignorances : ne rien savoir, savoir mal ce qu’on sait, savoir autre chose que ce que l’on doit savoir. La connaissance, comme la science, a deux extrémités qui se touchent : la première est l’ignorance naturelle de tout homme qui vient au monde ; l’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien en comparaison de ce qu’ils ont à apprendre et se rencontrent presque dans cette même ignorance d’où ils étaient partis ; mais c’est une ignorance savante, éclairée, qui se connaît. Ceux qui sont sortis de l’ignorance primitive et qui n’ont acquis, sur la route de la vie, que quelque teinture de sciences mal comprises, se prévalent d’un faux savoir et font