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qui, à ce moment, n’avait pas encore inventé la couleur des triangles, mais dont le cerveau sans cesse en activité était une véritable mine à idées lumineuses, avait dit qu’en cette occasion le devoir de la Loge se résumait dans cet infinitif : se distinguer !

Il fallait que le Temple des Amis de l’Honneur Français fût, dans cette soirée mémorable, à la hauteur de son antique réputation, palsambleu ! car nous étions une véritable fournée de récipiendaires.

Les Profanes admis à l’initiation étaient au nombre de quatre : MM. Toussaint Ordioni, sous-lieutenant à la Garde Républicaine ; Constantin Vélitchkoff, membre de la Chambre des Députés de Roumélie ; Émile Boisse, capitaine au 17e de ligne ; et votre serviteur.

En outre, deux Maçons, ayant appartenu précédemment à une autre Loge, la quittaient pour venir se ranger sous la bannière du F∴ Lemaire ; c’étaient MM. Petit, lieutenant au 74e de ligne, et Lantin, lieutenant à la Garde Républicaine.

À mon arrivée, on me conduisit à la Bibliothèque du Grand-Orient, et l’on me pria d’attendre durant quelques minutes dans le silence et le recueillement. Il y avait là déjà deux personnes, mes co-profanes, à qui l’on avait aussi recommandé de se taire et se recueillir. Je me rappelle bien la tête de l’un d’entre eux : c’était un homme d’une trentaine d’années, nerveux, un peu maigre, barbe et cheveux d’un noir de jais, physionomie douce ; il avait l’air légèrement agité ; il allait et venait dans la salle, tortillant sa moustache d’une main crispée. « C’est un pacha turc », me souffla le Frère Servant dans le tuyau de l’oreille. C’était Constantin Vélitchkoff ; pour le Frère Servant, député rouméliote et pacha turc s’équivalaient.

Vers huit heures et demie, on vint nous chercher. Nous traversâmes différents couloirs, montâmes et des-