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Franc-Maçonnerie est le groupement de divers égoïsmes individuels se fortifiant les uns les autres et constituant ainsi la monstrueuse solidarité d’un égoïsme général qui exploite la grande masse des Profanes, c’est-à-dire des gens restés en dehors de l’association. C’est pourquoi la secte a besoin, pour se maintenir sous tous les régimes, d’avoir dans son sein des hommes affichant des opinions diverses et surtout manquant de scrupules. Toutefois il est juste de dire que, dans notre pays, les préférences de la Maçonnerie sont pour la République, vu que chez nous ce mode de gouvernement est celui qui favorise le plus la pêche en eau trouble et la lutte contre le catholicisme.

Quant aux bonnes mœurs, on en parle beaucoup dans les Constitutions, dans les Rituels et dans les discours qui se prononcent à tout propos entre les quatre murs des Temples ; mais, en réalité, on en a encore moins cure que des opinions politiques. L’enquête sur la moralité d’un candidat à l’initiation a uniquement pour objet de savoir si, en cas de mauvaise conduite, l’individu proposé ne pourrait pas, par quelque scandale, jeter du discrédit sur la corporation : l’être pervers, vicieux même, est, dès l’instant qu’il possède de la fortune et a un rang dans la vie civile, initié avec les mêmes égards et aussi bien honoré que le père de famille aux mœurs irréprochables.

L’argent n’a pas d’odeur, voilà le vrai principe maçonnique. Ayez des millions gagnés aux tripotages malpropres de la Bourse ou dans l’exercice d’une profession notoirement déconsidérée, que même l’or de vos revenus soit vomi dans votre caisse par un de ces égouts innommables qui sont la honte de notre société, cela ne vous empêchera pas d’être affilié Frère Trois-Points ; tout comme un autre, vous pourrez même viser aux plus hauts grades.