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Bois est contre moi et son ami s’est placé au premier rang des plus enthousiastes partisans de ma cause et de ma personne même. Depuis que j’ai constaté cela, je suis fixée sur M. Bois. La défiance et l’antipathie des premiers jours se sont effacées de mon âme ; aucune de ses attaques ne me blesse ; il a mon estime et je l’admire, car c’est un homme bon.

Rosen, qui a l’infernale malice des vieux conspirateurs sectaires, Rosen l’a pris par le cœur. À quel artifice son intrigante rouerie a-t-elle eu recours ? Je l’ignore ; mais le résultat est là, indéniable. M. Georges Bois est entièrement subjugué par Paul Rosen : il ne s’en rend pas compte ; il s’en aperçoit si peu, qu’en lisant ces lignes il me prendra pour folle ou croira qu’un mystificateur ou sa complice veut se moquer de lui.

Le vieux Moise Lid-Nazareth l’a conquis au point de lui faire croire tout sur parole, sans lui fournir le moindre semblant de preuve à l’appui de ce qu’il lui insinue en confidence.

En veut-on une preuve ?

J’ai eu communication d’une sorte de double circulaire que M. Georges Bois, à l’instigation de Rosen, envoya confidentiellement, le 31 août et le 6 septembre 1893, à divers journaux catholiques pour ruiner dans l’esprit de leurs rédacteurs les révélations contre la Haute-Maçonnerie. La collaboration de Rosen se trahit par une phrase amusante : « Il a fait les Mystères et ses autres livres, est-il dit en parlant de M. Léo Taxil, avec des livres de Maçonnerie achetés après coup, notamment le Manuel de Teissier et les Rituels de Ragon, que tout le monde, avec un peu de patience, peut trouver dans le commerce de la bouquinerie courante, et que Teissier peut vendre de suite. Il y a des marchands, ET J’EN CONNAIS, qui peuvent vendre Ragon du haut en bas, dans l’espace de huit jours, pour une centaine de francs ou deux. » Étant donné que Rosen se livre à ce commerce, voilà bien le petit bout d’oreille qui perce. Notre homme en était arrivé à se faire faire l’article par M. Bois en personne auprès des rédactions catholiques ! Demandez les bouquins de la secte ; j’ai quelqu’un qui vous les fournira. La réclame n’est même pas déguisée ; on indique les prix.

Mais, autour de ce petit boniment suggestif, il y a, dans cette double circulaire, de longues pages d’erreurs énormes, erreurs matérielles, d’une vérification presque impossible aux journalistes à qui M. Georges Bois écrivait. L’autorité de son nom imposait confiance en ces mensonges. Or, M. Bois est honnête homme, et pourtant il trompait ses confrères.

Ainsi, à propos du Diable au XIXe Siècle, notamment au sujet de la liste des dix membres du Sérénissime Grand Collège qui formaient alors, avec Albert Pike, le plus haut conseil et directoire de la Maçonnerie universelle à Charleston, M. Georges Bois écrivait ce formidable mensonge :