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publiés par M. de la Rive sur la tenue d’un Congrès secret de hauts-maçons américains, avec la participation des plus notables maçons de Jérusalem ; ce conventicule préparatoire s’est tenu en 1895 dans les Cavernes Royales, antiques carrières au nord-est de la ville. Plusieurs des personnages qui figurent sur la grande photographie de M. de la Rive ont été reconnus pour être vraiment des habitants de Jérusalem, les uns ne cachant pas leur qualité maçonnique, les autres tenus pour suspects ; quant aux étrangers mêlés à ceux-ci dans le groupe, il est aisé de voir, à leurs physionomies, que ce sont bien des Américains des États-Unis. Par conséquent, il est hors de doute que cette photographie, que M. de la Rive réussit à se procurer, j’ignore comment, est un document de premier ordre et de la plus rigoureuse authenticité.

Mais les révélations publiques au sujet de l’événement tant célébré par les Triangles lucifériens ont amené les sectaires à redoubler de prudence, comme il fallait s’y attendre. Des accords pris par les hauts-maçons américains avec leurs Frères de Jérusalem, il résultait que Sophia descendrait à l’hôtel Howard ; des juifs affiliés à la secte n’avaient pas su retenir leur langue. D’autre part, les Palladistes de Jérusalem connurent que plusieurs consuls et des communautés religieuses avaient reçu des instructions pour exercer une étroite surveillance et réunir toutes les informations possibles. Le programme fut donc changé par la secte, quant au lieu fixé pour le séjour de Mlle  Walder. Cependant, sa présence à Jérusalem n’a pas été ignorée, malgré toutes les précautions prises par la Franc-Maçonnerie. Dans son numéro du 11 octobre 1896, le Pèlerin, de Paris, publia la note suivante envoyée de Jérusalem par son correspondant ordinaire : « Étrangers. Ils sont rares en cette saison. Cependant, Sophie Walder est arrivée à Jérusalem à petites journées, comme l’avait annoncé Diana Vaughan. » Je me hâte de dire que c’était là un bruit public dans la ville ; aucune constatation concluante n’a pu être faite.

Beaucoup de personnes s’imaginèrent que Sophia arriverait le jour même, le 29 septembre, en costume d’européenne, et vinrent à la gare ; elles en furent pour leur dérangement. Il est évident que Mlle  Walder avait dû arriver à l’avance et se dissimuler sous un costume de femme arabe.

Voici, par contre, quelques indications qui donnent matière à réflexion :

On sait, à Jérusalem, qu’à partir du 10 septembre de nombreuses lettres, adressées au nom de Mlle  Sophie Walder, parvinrent, de divers points du monde, à la poste autrichienne et à la poste ottomane. Mais quand et par qui ont-elles été retirées des bureaux de poste ? On n’a pu le découvrir.

Le 29 septembre, les musulmans ont interdit l’entrée du Harâm-ech-Chérif, à l’angle sud-est duquel se trouvent les souterrains que j’avais signalés ; toute cette partie de Jérusalem a été gardée avec la plus grande rigueur ;