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qu’il en soit, on vanta un souterrain à Sophia, on le lui représenta comme éminemment propice. Cette partie de Jérusalem, lui assura-t-on, échappe à la surveillance des catholiques ; elle est uniquement entre les mains des musulmans, et les sociétés secrètes mahométanes donneront toute facilité pour l’œuvre palladique. Si cet endroit n’est pas réellement l’emplacement des écuries mêmes de Salomon, on a affirmé à Sophia que les Templiers y eurent leurs écuries ; les anneaux auxquels ils attachaient leurs chevaux y seraient encore. Ces galeries souterraines sont, au surplus, d’une haute antiquité, puisqu’il est certain qu’un grand nombre de Juifs y cherchèrent asile durant la guerre contre les Romains. Il paraît aussi que ces galeries sont très vastes ; l’ensemble aurait, dit-on, près de 4.800 mètres carrés de superficie ; est-ce bien cela ? Je crois me rappeler qu’on parla d’une longueur de 80 mètres et d’une largeur de près de 60 mètres ; mais je puis me tromper. Par contre, je suis bien sûre d’avoir entendu dire que le souterrain a treize voûtes en tout ; ce nombre 13 a dû contribuer à fixer le choix. Je suis certaine également d’une autre raison du choix c’est à peu près en cet endroit, ou du moins à proximité, que se trouvait, avant la conquête musulmane, la basilique dite de la Mère de Dieu ; d’après le tradition, c’est en cette partie de la cité actuelle, qu’il ne faut pas confondre avec la cité de David, que l’on place l’endroit, autrefois couvert d’édifices et absolument vide aujourd’hui, où les femmes juives venaient se retirer pour attendre leurs couches. Le prophète Siméon demeurait par là, croit-on, et la Très Sainte Mère aurait demeuré là quelques jours après la présentation de Jésus au Temple. Il est évident que cet endroit doit plaire, plus que tout autre, à ces malheureux égarés que la rage de profanation dévore. Mais, je vous le répète, mon incompétence topographique m’empêche de me prononcer ; les habitants de Jérusalem savent seuls si cet endroit est bien celui où sont situées les écuries de Salomon.

« Un dernier souvenir : il a été décidé qu’aussitôt après l’enfantement, si l’enfant qu’ils attendent est bien une fille, on la placera quelques instants dans un prétendu berceau de Jésus, qui se trouve là tout auprès, dans une chapelle musulmane, souterraine, je crois. Je vous laisse le soin de faire vérifier si ces renseignements concordent bien entre eux ; je vous ai écrit tout ceci, sans me fier beaucoup à ma mémoire. Je n’ai pas besoin d’ajouter que l’enfant ne sera pas déclarée à la municipalité, attendu que les confessions grecque, latine-catholique, arménienne, juive et protestante ont voix et siègent au medjlis belediyé (conseil municipal). L’accouchement sera tout à fait clandestin. Aussitôt remise de ses couches, la mère ira se reposer à Constantinople. Voilà ce que l’on disait dans les Parfaits Triangles. »

Donc : on s’est mis en observation, à Jérusalem. Une première enquête a fait constater la parfaite exactitude des renseignements recueillis d’abord et