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Et M. Tardivel ajoute :

« Voilà ce qu’on lit vraiment dans le document. Dans cette phrase, il n’y a pas plus lieu d’appliquer la règle Ludovicus rex que la règle parum vinti, attendra que Sophia-Sapho nomine est un ablatif ; c’est une phrase incidente, détachée par deux virgules de la phrase principale, et le tout ne pèche nullement contre les règles de la grammaire latine.

« Le Père Portalié supprime la première virgule et tronque la phrase incidente ! »

Dans la dictée de Bitru, le révérend jésuite trouve une autre faute, et celle-ci en serait vraiment une : oriunda est, au lieu de oritura est.

« Mais, fait observer M. Tardivel, la théologie nous enseigne-t-elle que les démons doivent nécessairement et toujours respecter les règles de la grammaire ? Nous avons posé cette question à un théologien éminent, et il a éclaté de rire. Les diables, nous a-t-il dit, ne sont pas des académiciens, et ils peuvent très bien commettre des erreurs de langue, comme ils peuvent tomber dans des erreurs de tout genre. »

J’ajoute : si l’on adoptait la théorie du R. P. Portalié, il faudrait aller très loin, et l’on aboutirait bien vite aux conclusions des sceptiques qui déclarent que les exorcisations ne sont que des comédies. Qu’une possédée, interrogée en latin ou en grec par un exorciste, réponde en mauvais latin ou en mauvais grec, commette des fautes contre la syntaxe ; et ils sont nombreux les procès-verbaux d’exorcismes où le diable ne se montre pas académicien (un de mes abonnés m’a offert d’éplucher quelques-uns de ceux qui ont été publiés) ; faudra-t-il dire qu’il y a eu supercherie, lors même que le procès-verbal d’exorcisme constate l’expulsion finale du démon ?

Le R. P. Portalié s’est donc tout à fait écarté de la question. Bien mieux, dans le cas qui nous occupe ici, il ne s’agit même pas de savoir si Bitru s’est réellement manifesté le 18 octobre 1883 à Rome, pour proclamer que Mlle Walder mettrait au monde, le 29 septembre 1896, une fille qui serait la grand’mère de l’Anti-Christ ; il s’agit d’examiner si les Palladistes n’ont pas employé tous les moyens pour accréditer cette légende apadnique. Or, l’existence de la légende est indiscutable, malgré la volte-face de Bataille et de Margiotta. En outre, ce qui a été divulgué, nonobstant les négations de Findel et les moqueries de la Koëlniscbe Volkzeitung, s’est réalisé.

Ici encore, que l’on ne me fasse point dire ce que je ne dis pas. Je n’enseigne en aucune façon que l’accouchement annoncé dans les Parfaits Triangles a réellement eu lieu. Vrai ou simulé, peu importe. Le fait exact est celui-ci : depuis le 29 septembre 1896, le Palladisme élève un enfant du sexe féminin,