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AMITIÉ-ESPÉRANCE. — Je prie instamment mes amis du Kentucky de ne pas s’émouvoir des articles du Courrier-Journal de Louisville. Qu’ils ne croient pas que j’ai inspiré ces articles ; j’y suis absolument étrangère.

Je viendrai à Louisville non en ennemie, mis en messagère de paix ; car la vérité en Jésus est la grande paix des âmes. Oui, il est vrai que le Triangle The Eleven-Seven, fondé par mon père, a pris une énorme extension, en constituant d’autres Triangles qui vivent de son erreur et lui obéissent avec un aveuglement désastreux ; il n’est que trop vrai, hélas ! que les Palladistes sont à Louisville au nombre de près de trois mille actuellement. Mais les témoignages d’amitié qui m’ont été donnés jusqu’en ces derniers temps me donnent le plus grand espoir.

Amis, je viendrai, et vous me recevrez toujours avec amitié, je le sais. Nos cœurs sont unis par des liens que mon changement d’opinion religieuse n’a pas brisés. Je veux votre conversion, parce que je vous aime ; je souffre de votre erreur, l’ayant partagée. Dieu aidant, je vous arracherai au pouvoir de l’Archange déchu ; car c’est lui, c’est le diable que nous avons adoré.

Oui, il est de mon devoir de revenir parmi vous, qui me connaissez et me savez incapable de déloyauté. Il faut que je vous dise publiquement, à Louisville même, la vérité telle que je la possède enfin, la vérité vraie, lumière bénie dont le foyer est le Cœur du divin jésus, tout embrasé d’amour. Je veux vous conquérir au Roi des rois, briser les chaînes dont vous êtes chargés. Douce mission ! saint apostolat !

Vous viendrez me voir et m’entendre, amis et amies. Je vous donne rendez-vous en cette ville, aux souvenirs bien chers pour moi. Que le Kentucky devienne, dans l’Union, la forteresse de la foi catholique, et je mourrai heureuse.

Saints religieux de Gethsémani, priez pour moi.

D. V.




Pacelli père et fils… et Cadorna !


Cadorna vient de mourir, il y a quelques jours, à Turin. Sa biographie n’est pas à faire en ce moment ; mais il est impossible de ne pas rappeler que Rafaële Cadorna est l’homme qui commandait en 1870 l’armée piémontaise envahissant les États pontificaux. C’est lui qui ouvrit, par ses canons sacrilèges, la brèche de la Porte Pia ; c’est lui qui, après que la petite armée du Pape eût déposé les armes par ordre de Pie IX, laissa massacrer des zouaves pontificaux par la tourbe révolutionnaire, entrée à sa suite dans la Ville-Sainte ; c’est lui qui, apprenant que des bandits venaient de jeter au Tibre deux blessés et la sœur de charité qui les soignait, répondit en souriant : « Laissez le peuple se dégonfler ! »

Chaque année, à l’anniversaire de l’usurpation, Cadorna envoyait à Rome une lettre ou un télégramme où il se glorifiait d’avoir été le chef des envahisseurs ; il s’en faisait un titre d’honneur. En 1895, lors des scandaleuses fêtes du « Jubilé de la Brèche », le général sectaire se glorifia plus que jamais, et le 33e∴ Umberto lui décerna la croix de l’Annonciade. On sait que les ouvrages de son frère Carlo ayant été condamnés par le Saint-Siège, Cadorna les réimprima avec force réclame, en fit une nouvelle édition sous sue patronage, lançant ainsi le défi à la Congrégation de l’Index.