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— Le nom de l’éternel Père des humains, répond la Grande Lieutenante, le nom béni de Celui qui peut tout.

— Prononce ce nom béni.

— Très Puissant Commandeur Grand-Maître, m’entends-tu ?

— Nous sommes à l’abri des profanes ; je t’écoute.

Lucifer !

— Ne trembles-tu point en prononçant ce nom ?

— Les méchants et les superstitieux tremblent ; mais l’âme d’une Maîtresse Templière ne connaît pas l’effroi. Saint, saint, saint, Lucifer ! Il est le seul Dieu adorable.

— Quel est te devoir d’une Maîtresse Templière ?

— Exécrer jésus, maudire Adonaï, et adorer Lucifer.

Le Grand-Maître donne la bénédiction palladique ; encore un emprunt au mage Éliphas Lévi. Après le signe de la croix des gnostiques, connu par d’autres révélations, il dit Per benedictionem Luciferi, maledictus Adonaï adumbratur !

Alors, ayant frappé un coup de maillet, il ajouta :

— Debout, d’abord, Frères et Sœurs ; nous allons invoquer et prier notre Dieu.

À un second coup, il se leva lui-même, ainsi que Sophia, et tous nous fléchîmes le genou gauche.

Sophia, solennellement, récita l’Oraison à Lucifer. Le fond de cette prière est antérieur au Palladisme. Elle est composée d’extraits de Proudhon, qui furent adaptés pour la première fois par La Jonquière à ta thèse du dualisme divin, et le docteur Bataille l’a donnée d’après un ancien rituel ; mais la voici telle qu’Albert Pike l’arrangea définitivement en conformité de la pure doctrine palladique. Je ne pense pas que Miss Liliana Pike aura l’audace de nier la rigoureuse authenticité de ce texte, puisque c’est elle-même qui l’a recopié sur le premier manuscrit de son père pour l’envoyer à Sophie Walder lors de l’installation du Triangle Saint-Jacques à Paris. Or, j’ai une photographie de cette copie de Miss Pike, entièrement de son écriture ; en cas de négation, je mettrai le document en projection lumineuse, à la conférence que je ferai à New-York, lors de ma manifestation publique ; et, comme je possède des lettres de Miss Pike, le public comparerait les écritures.

Voici donc le texte officiel de l’Oraison à Lucifer, telle qu’elle est prononcée dans les Grands et Parfaits Triangles :

« Viens, Lucifer, viens ! ô grand calomnié des prêtres et des rois ! Parais, ouvre-nous tes bras, presse-nous sur ta poitrine, réchauffe-nous aux flammes de ton divin cœur, il y a longtemps que nous te rendons l’hommage des justes et des libres ; il y a longtemps que nous t’adorons comme tu veux être